J’ai changé d’activité professionnelle, ce qui me permet de beaucoup moins prendre la voiture. D’ailleurs, on s’est séparé d’une voiture, pour n’en garder qu’une, changée aussi pour un modèle à l’essence. On prends beaucoup plus le bus ou le vélo.
Je ne mange presque pas de viande. Je ne suis pas entièrement végétarienne (vous savez les étiquettes et moi…) mais l’alimentation à la maison est quasi-végétarienne. Ma fille a même choisi (seule) de passer au menu végétarien à l’écolo.
Je ne voyage presque pas en avion. Je m’étais limitée depuis des années à un voyage à l’année, souvent pour Paris, parce que le train ne permet pas de faire l’aller/retour dans la journée depuis chez moi. Le grand vient en train à chaque vacances. Si on a pas décidé de ne plus jamais voyager en avion, on est de toute façon pas dans la catégorie « on voyage à l’étranger chaque été ». On habite la plus jolie région de France (#teamchauvine) et on part souvent en Provence dans ma famille. C’est pas toujours simple de se déplacer autrement quand on habite dans le sud-ouest mais dans tous les cas, on limite les vols longs-courriers.
A côté de ces « grands » points (auxquels il manque la banque et notre fournisseur d’énergie), on mange évidemment local et de saison, on réduit de façon importante nos déchets, on utilise peu de cosmétiques, on chauffe peu, etc.
Pourtant, je pollue encore énormément.
Le poids de la pollution numérique
Je travaille essentiellement sur ordinateur et sur mon smartphone. J’ai réduit l’impact « nouvel objet numérique » puisque je ne suis pas du style à acheter le nouvel iphone qui sort et que mon ordinateur a 10 ans, il est passé par un changement de disque dur pour retrouver un peu de vitalité.
Par contre, je ne travaille que grâce au numérique. Je reçois des dizaines de mails par jour et j’en envoie autant. Je stock des fichiers, des images, des vidéos… J’utilise le Cloud, gère des réseaux sociaux…
Difficile de savoir précisément l’impact de mon activité en terme d’émission CO2 ou d’effets sur l’environnement mais les chiffres de la pollution numérique sont hallucinants.
- Le numérique représente 5% des émissions carbones mondiales (pour un secteur en constante croissance).
- Mon ordinateur représente l’équivalent d’un vol Paris/San Francisco
- Un salarié émet en un an l’équivalent de 360kg d’équivalent Co2.
Nos mails, le stockage de nos données et nos recherches sur internet génère une quantité incroyable de CO2 mais consomme aussi beaucoup d’eau, d’énergie ou de ressources naturelles.
Pour plus d’infos sur le sujet : lire l’infographie de QQFait ou le dossier La face cachée du numérique de l’Ademe.
Sur Instagram, je vous conseille le compte de C. L’air du temps qui ont fait une chouette storie (a la Une) sur la pollution numérique.
Ma pollution numérique me rend humble (ou bienveillante ou un peu moins relou, au choix)
L’objectif n’est pas de vous faire un cours sur la pollution numérique, ni de vous donner des astuces pour la limiter, on aura largement le temps d’y revenir.
Le but de cet article est de remettre les choses en perspective.
Toutes les personnes militants, parfois durement, pour certains aspects de l’écologie (viande, avion…) n’aiment généralement pas du tout qu’on leur signale qu’ils polluent autant avec leur activité numérique. La réponse avancée est généralement « oui mais c’est mon job, c’est plus facile ne changer autre chose » ou encore « je compense cette pollution en étant utile pour sensibiliser les gens ».
Ce sont des arguments complètement valables et ce sont aussi une partie des miens. Je ne pourrais actuellement pas me passer d’ordinateur ou de smartphone. Et j’estime les utiliser pour sensibiliser, bien plus que pour mon propre plaisir ou pour une activité in fine négative pour l’environnement.
La seule différence, c’est que j’ai conscience de cet aspect de ma vie. Je sais que je pollue énormément à cause de mon activité et que diminuer la viande ou ne pas prendre l’avion cette année, ne compense pas mon bilan. Je n’ai pas de « cheval de bataille », j’aime vous parler de nombreux sujets différents et si je peux sensibiliser certaines personnes sur des aspects différents, ça me va parfaitement.
Mais le « cheval de bataille » est de plus en plus répandu, il faut faire ça ou ne plus faire ça (en majorité l’avion ou le zéro déchet ou la composition des produits). Le moindre écart est jugé sévèrement parce qu’on s’écarte de la « solution ».
C’est faux, il n’y a pas UNE solution. Peu importe ce que je fais (ou ne fais plus), mon activité ici sera toujours un gros point noir dans les émissions carbones que je cherche à réduire à côté.
Certains prônent le droit à « culpabiliser » pour faire changer. D’une part, ça ne fonctionne pas, il suffit de leur demander pourquoi ces personnes ne faisaient pas tout ça auparavant…alors que toutes les infos qu’elles prônent étaient déjà partout. Simplement parce qu’il existe « un moment et une manière » pour que notre cerveau accepte un message qui nous dérange (c’est de la science cognitive, pas du blabla de personnes qui veulent se déculpabiliser. C’est triste de les voir vanter la véracité des messages scientifiques en écologie et les nier sur le comportement humain). D’autre part, ça occulte toujours une grande part de leurs propres paradoxes, notamment envers l’utilisation numérique.
Bien sûr que j’aimerais que les gens mangent moins de viande, prennent moins l’avion, arrêtent d’acheter des cosmétiques polluants, arrête le plastique à usage unique… Mais la planète, elle aimerait bien que j’arrête mon activité numérique, alors on fait comment ? On juge les autres pour ce que l’on ne peut pas faire nous même ?
Bref, je pollue et je n’ai pas de solution pour remédier à ça. Alors, je sais que tu pollues aussi, peut-être que pour l’instant, tu n’as pas de solution à ta pollution non plus ?
J’aime beaucoup ton article. Je suis moins avancée que toi dans la démarche (je dois faire banque et électricité notamment) mais moi aussi je sais que je pollue, avec ma voiture… Je travaille à 20km de mon domicile, trop loin pour le vélo, trop long en transports en commun (1h20 vs 40 min)… Je culpabilise à mort toute seule dans ma voiture mais, pour l’instant, je n’ai pas la solution qui va bien…
Difficile de se passer de la voiture quand on est pas en ville… une solution pour limiter la pollution : le covoiturage.
je suis très sensible à ces questions et dans notre famille on essaie aussi de limiter au maximum toutes les sources de pollution ou de création de déchets dans les divers domaines de notre vie. Ensuite, ce n’est pas pour faire de la déculpabilisation a outrance, mais on vit tout de meme, et il est impossible de faire un bilan carbone à zéro. Je pense également que tout ce qu’on voit qui nous culpabilise d’envoyer des mails, d’avoir un cloud, de partir en avion (si le train etait plus abordable aussi!)… ca reporte la responsabilité sur chacun d’entre nous, alors que nous ne créons à titre individuel que 20% de la pollution mondiale (sorry je ne retrouve plus la source de ce chiffre). Pour agir sur les 80% il s’agit d’une volonté politique et économique. alors ca n’empeche pas de faire son maximum, mais au fur et a mesure j’essaie de me detacher de cette sorte de dépression écologique et de lacher prise, tout en continuant a faire ma part:) courage!
Très bon article, pas culpabilisant, pas moralisateur, mais honnête.
Par contre j’ai une question « technique » : « Mon ordinateur représente l’équivalent d’un vol Paris/San Francisco » Je ne comprends pas cette phrase: sur quelle échelle de temps? sur quoi ça se base concrètement?
Car ce quie st stocké sur un cloud pollue certes, mais ce qui est stocké directement sur un disque dur pollue largement moins (à part la consommation d’énergie supplémentaire nécessaire pour atteindre le document en question mais je ne pense pas que ce soit comparable). Donc voilà je me demandais juste comment cette comparaison peut être possible entre un ordi et un vol long courrier.
Merci !
Je voulais aussi ajouter un point, les gens qui jugent ou critiquent ne vivent pas dans un yourte en toile de lin dans une steppe avec des toilettes sèches et un potager que je sache donc à un moment donné il faut savoir vivre avec son temps, l’être humain a évolué c’est comme ça et même si je suis très sensible à la préservation de notre planète, à moins de nous exterminer tous, je ne vois pas vraiment de solution miracle. On vit tous, on consomme tous, et on travaille tous, les villes sont saturées et pas boulot pour tout le monde partout, il faut se déplacer et souvent en voiture, et pour limiter cet impact, travailler derrière un ordi est une solution… donc pollution numérique = cercle vicieux.
Mon message peut paraître pessimiste, mais je pense être juste réaliste. Je n sais pas ce que tu en penses…
Bonjour,
Je me permets de rebondir. Je pense que le Paris – SF représente le CO2 produit lors de l’extraction des minerais pour la batterie, la carte graphique etc. Puis la fabrication et le transport de l’ordinateur. Toutes ces étapes sont extrêmement polluantes. 😉
Merci pour ce bel article. Je m’y retrouve complètement dans mes réflexions et contradictions en matière d’ecolo (Transition pour être végétarienne, choix des vêtements, etc).
Par exemple, je privilégie le vélo mais si j’amène Maman au restaurant (elle a plus de 80 ans et se déplace difficilement), je n’au d’autre solution que prendre la voiture … sinon celle de ne pas lui permettre de sortir ☹️
Alors oui, il faut avancer mais de manière raisonnée
Bonjour,
Effectivement, la pollution numérique a tendance à être invisible.
Je m’interroge juste sur les chiffres et proportion (merci de ne pas voir ce message comme un troll ce n’est pas le cas). Je suis un peu incrédule fasse à la phrase
» Je sais que je pollue énormément à cause de mon activité et que diminuer la viande ou ne pas prendre l’avion cette année, ne compense pas mon bilan »
De ce que j’ai lu le transport et l’alimentation (principalement du à la consommation de viande) sont les deux secteurs les plus polluant (si je me souviens bien en ~15% des émission de CO2 chacun). Ici vous dite que le numérique serait responsable de 5% des émissions. Du coup je ne comprends pas bien ce que vous avez voulu exprimer et l’ordre de grandeur m’interpelle.
En dehors de cela, je pense qu’effectivement il est important d’avoir d’avoir conscience de son impact. J’hallucine d’ailleurs quand un collègue essaie de me convaincre de changer ma tablette pour un ipad juste parce que c’est plus intuitif et qu’à l’argument pollution / déchet inutile il me répond de la donner….
Bonne journée et merci pour cet article