Le salaire d’une blogueuse

Juin 25, 2018 | Vie pro | 8 commentaires

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Aujourd’hui, un petit article pour aborder un problème hautement sérieux : les blogs et leur modèle économique. Et plus particulièrement les blogs orientés lifestyle ou « green ».

Une réflexion un peu générale que je voulais aborder avec vous depuis longtemps. Comment vit-on de son blog ? Comment travaille une blogueuse ? Et surtout quels sont les problèmes.

Derrière ce titre un peu pompeux, je voulais vous parler des critiques qui surgissent encore très souvent sur les blogs au sujet des partenariats divers et variés. Je lis régulièrement que c’est dommage que tel ou tel article soit un partenariat, que telle ou telle tenue contient majoritairement des vêtements offerts et souvent plus chers, encore que l’on regrette l’époque des blogs 100% libre des marques.

Je connais bien les dérives de certains blogs ou même plus largement maintenant de certains « influenceurs » comme on dit. Cela fait longtemps que la quantité a laissé place à la qualité chez certains. Mais étrangement, les critiques que je lis sont rarement sur ces comptes et souvent plus difficiles sur des blogs orientés « lifestyle » voir « green ». Il y a derrière l’idée que si on véhicule une idée écologique, une volonté de « mieux vivre », on ne doit pas tomber dans les travers des partenariats avec les marques…comme si les gens étaient encore plus déçus sur ces blogs-là.

1 – Un blog pro c’est un vrai métier

Commençons par le début : oui tenir un blog à temps plein c’est un vrai métier. Quand on a choisi cette voie, en général, le blog est alimenté régulièrement, les photos soignées, il y a parfois des vidéos ou des reportages. Je vous en ai déjà parlé dans mon article « mon blog, pas mon job« , il y a une vrai différence entre tenir un blog à côté de son boulot et faire de son blog son boulot ! La principale c’est le temps : j’en suis la preuve, impossible de tenir un blog aussi régulièrement et de façon aussi soignée que je voudrais, vu que je passe déjà 12h par jour à mon boulot. 

Une blogueuse « pro » a 1000 casquettes de métiers et les journées bien remplies. Et n’oubliez pas que comme tout boulot que l’on gère seul (autoentrepreneur, libéral…), si vous ne travaillez pas ou moins certains jours, vous ne gagnerez pas d’argent. La pression « créative » est certaine, il faut sans cesse de nouvelles idées, se renouveler, être original, garder sa ligne éditorial. Bref, les semaines d’une blogueuse autoentrepreneur font généralement bien plus de 35h. Il ne s’agit pas d’attendre sagement que des marques nous contacte, prendre 3 photos et garder les cadeaux!

2- La blogueuse paye un loyer (et autres)

Déjà, cassons un mythe : non les blogueurs ne sont pas des bisounours ! Et oui, comme nous tous, il faut aussi payer beaucoup de frais fixes : loyers, factures diverses, mutuelle, alimentation, frais courants… Ca c’est pour la base parce qu’on verra après qu’il y a encore d’autres frais.

Pour moi, tout ça est payé par mon salaire qui arrive à la fin de chaque mois. Mais il vient d’où le salaire d’une blogueuse alors ?  

La première originalité, c’est que contrairement à moi, il ne vient pas directement des personnes pour lesquels une blogueuse travaille : c’est à dire vous (et moi!), lecteurs. Vous consommez le travail de quelqu’un entièrement gratuitement, les blogs ayant tous gardé un accès gratuit (contrairement aux journaux en ligne vous remarquerez). 

Du coup, le modèle économique des blogueuses nécessite de développer d’autres rentrées d’argent. On parlera ensuite principalement des partenariats mais les blogueuses ont développé bien d’autres manières pour se rémunérer : écriture de livre, lancement d’une marque, création d’un service, développe d’activités pro comme la rédaction web, le community-management, etc. 

C’est là une de premières difficultés de la blogueuse pro : être confronter à des statuts et des situations perso très différentes. Beaucoup de blogueuses sont encore très jeunes, souvent étudiantes et bénéficient de plus de temps libre pour alimenter un blog. D’autres ont des situations plus confortables grâce aux parents ou au conjoint et peuvent se permettre plus de liberté sans rémunération. Mais une grande majorité vit comme vous et moi, a besoin d’un salaire pour payer tous les frais d’une vie au quotidien (et d’un avenir incertain…).

3- Les partenariats, c’est pas cadeau

C’est quoi un partenariat ? C’est une relation blogueur/marque qui peut prendre différentes formes : rédaction d’articles autour d’un produit ou d’un contenu, relais d’information, avis sur un produit, lien d’affiliation, collaboration diverse, etc.

Et c’est évidemment ce qui est le plus souvent critiqué : le choix de tel ou tel partenariat ou le partenariat en lui même. Il y a beaucoup de critiques différentes mais celle qui me touche le plus c’est « trop facile de présenter ça, on te l’a offert« . Sous-entendu, être une blogueuse c’est trop cool ça reçoit gratuitement pleins de cadeaux, ça fait des voyages trop chouettes mais du coup elle s’éloigne de ces lecteurs qui n’ont en majorité par les moyens de s’offrir toutes les choses qu’elle présente. 

Cette phrase appelle beaucoup de remarques, on va essayer d’être pédagogique (et de ne pas s’énerver…) : 

– SPOILER : tu n’es pas obligée d’acheter ce qu’on te présente sur un blog. N’oubliez pas que les mentions « offert par xxx » ne sont pas des incitations à la consommation ! C’est quand même dingue de voir partout surgir des « c’est chiant de nous donner envie d’acheter des trucs qu’on peut pas« . Ce n’est pas forcément la vocation de chaque blog et de chaque article. Parfois ça permet uniquement de faire connaître une marque et ses produits. Mais si ça vous donne envie d’acheter à chaque article et que ça vous frustre, à vous de revoir votre rapport à la consommation.

– un partenariat ce n’est pas un cadeau, c’est un travail. Temps, matériel pour la photo ou la vidéo, ordinateur, etc. Produire du contenu, ce n’est pas tangible matériellement mais ça a bien un coût pour la personne qui le fait!

Et même lorsqu’il ne s’agit que d’un envoi d’un produit sans contreparties visibles, ça ne tombe pas du ciel. Les envois de « cadeaux » ne sont en réalité que des placements de produits qui ne disent pas le nom : on envoie tel ou tel produit à un blogueur parce que son avis compte et qu’il a une communauté qui lira cet avis. C’est donc une contrepartie au travail fourni en amont. 

et tout travail mérite salaire ! Offrir un cadeau à un blogueur ou faire un partenariat, c’est exactement comme insérer une page de pub dans un magazine, ça se paye ! Si la marque fait ce choix, ce n’est pas par gentillesse avec le blogueur, c’est pour profiter de sa visibilité et toucher une communauté souvent plus investie. C’est une opération de communication qui parfois demande beaucoup de travail pour un blogueur, donc sans surprise ça doit être rémunérer.

Pourtant, beaucoup de partenariats ne sont pas rémunérés ou très faiblement. Notamment quand vous avez un blog orienté « green » et que vous traitez majoritairement avec des petites marques ou petits créateurs. Avoir une certaine ligne d’éthique éditoriale, ça complique généralement beaucoup la rémunération. Victoria, de Mango and Salt avait fait un chouette article sur ça, je vous le conseille. En clair, travailler avec l’Oréal ou Lancôme, c’est souvent plus simple qu’avec des marques sans budget communication. La plupart du temps, ça sera plutôt un envoi de produits et, attention encore un spoiler, les produits ça ne paye pas le loyer !

Et je pourrais développer que la rémunération est complexe à établir dans son ensemble. Dans mon cas par exemple, mon salaire est fixe pour un certain nombre d’heure. Si j’en fais plus, je ne gagne pas plus (contrat dans la fonction publique oblige) mais je sais combien je « vaux » à l’heure pour mon travail (pas beaucoup hein ^^). Un blogueuse devra fixer sa rémunération en fonction du travail à effectuer mais cela ne prends généralement pas en compte le temps « blanc » : traitements de mails, gestion de la communauté, administratifs, etc. 

4- La rémunération et le salaire

Quand une blogueuse arrive quand même à faire des partenariats, à avoir quelques affiliations à des marques ou autre, elle touche donc une certaine rémunération à la fin du mois. Un peu comme mon salaire qui tombe à la fin du mois ? 

Non rien à voir. Mon salaire est net à payer, c’est à dire qu’on a déjà enlevé une part pour les cotisations. Le salaire que je touche réellement a donc déjà payé ma sécurité sociale, ma retraite, etc. Je l’utilise alors pour payer mes frais fixes – loyer, charge, alimentation, etc. – et mes loisirs si besoin. 

La rémunération que touche une blogueuse indépendante à la fin du mois est loin d’être son salaire. Comme toute entreprise indépendante, il faut y retirer les frais fixes liés à l’activité : les charges (internet, support de communication, achat de matériel, internet, etc.).

Mais attends, c’est pas fini. Aux charges, tu dois aussi ajouter les différentes taxes. Il y a plusieurs statuts mais en règle générale pour un blogueur, ça donne une taxe de 22% pour les cotisations sociales, la CFE (cotisation foncière) qui dépend de votre lieu d’habitation. On pourrait ajouter une assurance professionnelle, une mutuelle (là où certains salariés bénéficient de la mutuelle de leur emploi), sans doute de l’argent à épargner si vous comptez prendre des vacances (ben oui pas de congés payés pour la blogueuse), etc. 

Bref, entre la rémunération qui sous-estime le temps passé, et qui rapporte généralement bien plus à la marque, tous les frais et taxes à garder en mémoire…le business model des blogueurs a encore besoin d’idées novatrices pour être plus stable, pérenne et gage de qualité. 

5- Les partenariats pour plus de liberté

Quand une blogueuse souhaite vivre de son blog, il lui faut donc trouver des partenariats divers et variés pour s’assurer un salaire. Mais ce n’est pas le seul but. Avoir des rentrées d’argent prévisibles, c’est aussi gagner en liberté pour écrire sur d’autres sujets non rémunérés. Clairement, certains articles ne sont pas rentables puisqu’ils ne sont issus d’aucun partenariat et ne génère pas d’argent. Un peu comme un journaliste qui écrirait un reportage gratuitement. 

Pourtant, la majorité des blogs continuent d’écrire des articles approfondis sur des sujets importants, uniquement parce que ça leur tient à coeur. Ces articles là, souvent les plus appréciés, ne sont possibles que parce que la blogueuse tire une rémunération ailleurs. 

Un exemple tout bête, je vous fait souvent des articles « écolo » comme sur le choix d’un sapin de noël ou mon comparatif de routine beauté. Ce genre d’article me prends énormément de temps, de recherche, d’écriture, etc. Et il ne génère aucune rentrée d’argent directe pour moi. Je les écris quand j’ai le temps et évidemment ils sont bien rares. Si mon blog était mon boulot, je continuerais d’écrire des articles comme ceux-là mais ça ne serait pas viable de ne faire que ça ! Quel salaire me permettrait d’écrire encore ces articles ? 

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Alors oui, les partenariats ça peut parfois être agaçant pour le lecteur mais clairement un blog ne peut pas produire du contenu professionnel sans avoir une source de rémunération ! 

Pour résumé, l’article que je suis en train d’écrire me coûte sans doute un petit peu, au minimum du temps et l’hébergement du blog. Et si les articles se font rares c’est parce que si je voulais vous en proposer un tous les deux jours, je ne pourrais pas, ce serais-ce qu’au niveau du temps disponible. Il me faudra alors me consacrer uniquement à mon blog…mais ce type d’article ne payera pas le loyer, je serais donc obligée de proposer d’autres types de contenu qui me rémunère pour pouvoir, à terme continuer à écrire sur ce que je veux ! Cercle vicieux vous-dites ? Un peu oui !

Un dernier petit mot en mode « coup de gueule ». Si je sais bien que beaucoup de blogs abusent de partenariats pour nous pousser à la consommation ou nous présenter des aspirateurs ou autres crédits immobiliers, ce n’est pas le cas d’une grande majorité de la blogosphère qui survit depuis plusieurs années. Donc allez taper en priorité à la porte des gens qui dévalorisent le contenu de leur blog, pas à celle des blogs qui tentent de trouver leur modèle économique pour vous proposer un contenu toujours aussi qualitatif et libre. La quantité de gens qui suit des blogs qui usent et abusent des partenariats, des concours qui n’ont rien à voir avec le thème du blog ou qui ne produisent plus de contenu constructif…me laisse un peu dubitative face à la critique de blogs qui apportent réellement tout en faisant des partenariats choisis et intelligent.

Enfin, ôtez-vous de la tête que la majorité des blogueurs pro vivent avec 5000€ par mois, surtout dans la catégorie lifestyle green. Ce qui vous énerve à la lecture d’un article est sans doute légitime mais c’est aussi à remettre en perspective avec le travail et la vie de la personne derrière le blog.

Alors dernier conseil, blogueur pro ou non, on ne travaille pas gratuitement pour une marque, sauf exception particulières. Mais à partir du moment où un travail vous prends du temps et est susceptible de rapporter bien plus en notoriété à la marque, ne le faites pas gratuitement (ce n’est pas bien pour vous et pour les copains qui ne peuvent se le permettre).

Dites moi votre avis sur la question, je serais ravie d’en discuter 🙂 

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8 Commentaires

  1. Audrey Mills

    Dis-donc entre Hellocoton et nos salaires « fictifs », tu remets les pendules à l’heure en ce moment… Et que tu as raison !
    C’est drôle, je lis cet article juste après avoir refusé un partenariat avec une marque de box dont je ne citerais pas le nom, en leur disant que mon blog n’avait pas de pub car justement je ne voulais en faire pour rien…
    En revanche, je comprends tout à fait ceux qui en font et qui ont une autre politique. Tout est question de positionnement et c’est bien normal que tout travail mérite salaire ! Ça serait bien que l’on revienne un peu aux valeurs du boulot… Internet a malheureusement beaucoup fait croire que nous vivions dans un monde gratuit. Et puis pour ceux qui se plaignent d’être incités à consommer, ça les encourage à aiguiser leur libre)arbitre. Au final, tout le monde y gagne :-p

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  2. Mandy

    C’est chouette d’avoir fait un comparatif salarié / blogeuse. Ça marche pour toute activité à son compte pour ce qui concerne les différences entre un salaire qui tombe à la fin du mois et les rentrées d’argent de l’indépendant. Mon mec travaille pour lui, à la maison (et il est aussi bloggeur très lu dans son domaine mais bordel aucun partenariat avec une grosse marque de bateau , il craint!!) et il faut parfois bien expliqué à certains, que oui il bosse à la maison et gère son planning mais que non c’est pas la planque! je ne compte pas le nombre de soirées ou moi je regarde un film et lui continu de bosser.
    Et comme tu dis écrire pas mal d’articles sur un blog demande du temps et donc celles et ceux qui en font leur activité principale doivent pouvoir en vivre. Je suis à l’aise avec le fait de lire des articles en partenariat sur les blogs que je suis, j’ai parfois fait des découvertes sympa de marques et quand ça ne me plait pas je lis en diagonal ou je ne lis pas l’article. Pareil sur instagram pour les comptes qui font aussi des partenariats, tant qu’il y a un bon équilibre et que c’est dans l’univers de la personne ça ne me gène pas du tout. Et puis on est bien contents quand un compte propose un concours sympa avec une marque et qu’on tente notre chance, ça ne tombe pas du ciel !
    Par contre évidement quand tout un instagram ou un blog devient une vitrine de produits sans aucun rapport les uns avec les autres ou qu’il n’y a plus de spontanéité ou d’articles indépendants, ça ne me plait plus du coup je me désabonne. Par exemple des blogs « mode » qui te font un article sur une fringue ou une paire de chaussures en te disant « c’est la pièce favorite de mon dressing, comment j’ai pu faire sans avant de l’avoir…blabla, je ne pourrais plus m’en passer » et que 2 mois après tu trouves la pièce sur leurs vides dressing en ligne (moi quand j’aime une fringue je la garde jusqu’à l’usure). Et dans c’est cas je trouve qu’on nous prend pour des connes! C’est pour ça que je suis que quelques rares blogs qui parlent de mode et ils parlent de mode éthique, conso responsable.
    Je comprends qu’il faut bien trouver des partenaires donc des revenus mais pour moi en tant que lectrice j’aime que ça reste dans l’univers que je viens chercher. C’est comme si toi tu nous faisait un article sponsorisé pour des gâteaux industriels suremballés aux OGM (ou pire du roundup) je trouverais ça mal placé, je me dirais que l’appât du gain l’a emporté et que ça ne concerne pas du tout tes lecteurs. Heureusement il y a plein de gens qui font bien la chose, qui ont un bon équilibre. Et puis si ça nous plait pas rien ne nous force de continuer à lire la personne.

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  3. Stéphanie

    Merci de déconstruire un peu le mirage de l’économie Internet ! Effectivement, écrire un article avec partenariat, c’est surtout une question d’engagement pour beaucoup de blogueuses/blogueurs « green ». On est quand même loin du modèle économique de Kim Kardashian quand on rédige un article sur le savon saponifié à froid…
    Bonne journée 😉

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  4. Laura

    Article très intéressant et instructif, merci !
    En revanche, une phrase m’a fait tiquer : « contrairement aux journaux en ligne vous remarquerez ». A la différence d’un blogueur, un journal ne peut pas se mettre à faire des partenariats pour financer ses coûts de production et les salaires (très très loin d’être mirobolants pourtant) de ses journalistes, neutralité oblige. Sinon, ça ne serait plus un journal, qui enquête, vérifie et croise ses sources, mais du publireportage, à savoir de la pub.
    Donc oui, les journaux font payer leur version en ligne, et c’est bien normal. Quand tu l’achètes en kiosque, il est payant. Quand tu le lis en ligne, il est payant.
    Et non, les encarts publicitaires, aussi bien dans la version papier qu’en ligne, ne suffisent absolument pas à permettre une mise à disposition gratuite du travail des journalistes. Pourquoi ? Parce que les annonceurs achètent de moins en moins dans les journaux. Pourquoi ? Parce que Facebook et compagnie proposent de l’information (souvent erronée ou tronquée) gratuitement. Eux, avec leurs milliards, peuvent se le permettre et tuent à petit feu le système économique de la presse que plus personne ne va lire puisque que hey, c’est gratuit sur Facebook.
    Je ne dis pas que la presse ne peut pas et ne doit pas se renouveler pour trouver un nouveau système économique. Mais lire des phrases comme la tienne, ça me fait franchement mal.
    Oui, on connait mal la réalité du quotidien d’un bloggueur. Connais-tu la réalité du quotidien d’un journaliste ? (Je ne te parle pas de Pujadas et compagnie, je te parle des journalistes de terrain, dans la presse locale). Et bien je vais te dire : j’ai Bac+5, je bosse entre 50 et 60 heures semaine, j’assure au moins une permanence de nuit chaque semaine (payée 20€ brut pour TOUTE la nuit. Et si je suis réveillée à deux heures du matin, je dois quand même être à la rédac le lendemain), je travaille un à deux week-ends par mois et la moitié des jours fériés de l’année (coucou le 25 décembre à la rédac !) et je gagne… 1700€ par mois. Et en fin de carrière, je peux en espérer 2500.
    Alors heureusement que mon journal ne diffuse pas mon travail gratuitement.
    J’espère que tu comprendras mon message. J’espère ne pas avoir été trop virulente dans mes propos car ce n’est pas mon but. Mais toujours dénigrer la presse en la ramenant consciemment ou non à TF1 et Bolloré, c’est oublier le travail honnête que fournissent des milliers de journalistes chaque jour.
    Au plaisir de te lire 🙂

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  5. Marie Lou

    Hello!
    Article très intéressant dont je partage pas mal de points de vue.
    Je pense que les marques ont souvent du mal à s’imaginer le travail du blogueur. Ils pensent qu’envoyer un produit c’est juste assez et c’est déja généreux. Je pense qu’il faut être blogueur pour comprendre que ce n’est pas le cas. Je reçois régulièrement des demandes de partenariats assez incensés. Certaines marques me proposent de rédiger des articles gratuitements sur leur blog ou encore de réaliser un article sur mon blog avec insertion de lien pour un produit qui vaut à peine 10€. Une fois même, une marque m’a demandé un article avec insertion de lien en contrepartie d’une réduction de 15% sur leur boutique. Donc travailler gratuitement et leur donner de l’argent … où va-t-on ? Malheureusement beaucoup de marques souhaitent dépenser le moins possible dans les partenariats avec les influenceurs. Ils ont du mal à se rendre compte de l’investissement que cela représente.

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  6. Lea

    Article hyper intéressant et instructif ! Je me suis toujours demandé d’où venait le salaire d’un blogueur. C’est bien de pouvoir gagner sa vie en bloguant, surtout si c’est quelque chose que l’on aime faire.

    Réponse
  7. Amylee

    Ton article est juste, très bien synthétisé et clair. Bravo!
    Je le partage sur mon twitter !

    Réponse
  8. Julie

    J’avais raté ton commentaire pardon ! Alors pour le coup, je pense que c’est ma phrase qui est mal formulée puisque justement, j’ai travaillé dans un journal (et j’écris toujours pour un journal!) donc je connais bien le système ! C’était dans le sens où le métier de journaliste est rémunéré (par le journal, les abonnements, la publicité…), a contrario de celui de blogueur. Je ne dis pas que c’est le même métier mais quand j’écris ici, c’est entièrement gratuit pour ceux qui me lisent et je n’ai aucun salaire pour mon temps passé. Quand j’écris pour le journal, je suis rémunérée (et encore heureux), sauf que je n’écris pas différemment, il y a autant de travail ici ou dans mes chroniques. Je ne plaide pas du tout pour que la presse soit gratuite au contraire ! Plutôt pour que le travail sur certains blogs ne le soit pas non plus 😉

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