Si vous me lisez depuis quelques temps, vous connaissez mon attachement à l’Océan et à sa protection. J’essaye de mettre en avant de nombreuses problématiques qui contribuent à dégrader les Océans et ses habitants. Je vous ai déjà donné quelques idées pour contribuer à notre petit niveau à éviter la pollution des eaux. Pourtant, je ne vous ai jamais parlé de pêche alors que cette activité a un impact considérable sur l’environnement marin !
J’ai été contacté par le MSC, le Marine Stewardship Council, pour vous parler du label et vous proposer leur box Océan à l’occasion de la Journée mondiale des Océans qui a eu lieu le 7 juin dernier. Bien sûr, au début je me suis dis « olala, la pêche, je vais me faire tomber dessus par la communauté Végane« . Et puis je me suis rappelée avoir travailler dessus dans le cadre de mon post-doctorat sur l’économie circulaire et ma position n’est pas aussi radicale que celle qui prône d’arrêter la pêche. Après tout, ici, je parle à tout le monde non ?
Allez, fais toi un café et viens on discute poissons !
Alors la pêche, c’est quoi le soucis ?
La pêche dans le monde, c’est une personne sur dix qui en dépend pour ses revenus. C’est une ressource de première importance et le produit alimentaire de base le plus échangé au Monde, en priorité depuis les pays en développement. En terme de consommation, on a dépassé les 20kg par habitant au niveau mondial et le poisson (au sens large) reste indispensable pour certaines populations des pays en voie de développement, en raison de leurs apports en protéines, acides aminés, vitamines, etc.
Pourtant, le développement de la pêche occasionne une pression sans précédent sur les Océans. La pêche intensive, l’augmentation des volumes prélevés et l’épuisement de certains stock, la destruction de certains écosystèmes, la pêche illicite…je pourrais continuer longtemps cette liste ! Il y a par exemple le problème du chalutage en eaux profondes ou encore des systèmes de pêche qui occasionnent des captures accessoires d’animaux vulnérables (tortues, requins, etc.).
Malgré ce que l’on pense, la question de la pêche durable est aujourd’hui très clairement mise en avant sur la scène internationale. Il y a quelques jours, 48 pays ont ratifié l’Accord international PSMA qui vise à lutter contre la pêche illicite (notamment en interdisant l’accès au marché et aux ports). Plusieurs accords ont eu lieu sur la pêche du thon aussi, tant sur leur pêche durable que sur les conditions de travail dans certains pays, et l’Union européenne renforce en ce moment sa politique sur les quotas de pêche.
Mais la question ne pourra pas être réglée par le végétarisme ?
Si on arrête d’en manger, ça suffit ?
Sincèrement, mon opinion c’est qu’on ne peut pas résoudre les problèmes de la pêche en prônant simplement le végétarisme. C’est sans doute triste mais c’est irréaliste par rapport à la situation de nombreux pays qui en dépendent. Je sais combien ce sujet est sensible pour ceux qui choisissent d’exclure la chair animale de leur alimentation. Mais on oublie un peu rapidement que l’on vit dans un pays où l’on peut choisir facilement son alimentation sans risquer des conséquences sur notre santé. Beaucoup de pays ont encore des difficultés à lutter contre certaines maladies infantiles ou des problèmes graves de malnutrition qui nous semblerait aberrants en France. On oublie aussi que bientôt, on devrait nourrir 9 milliards d’humains sur la planète et qu’à ce titre, les Océans fournissent quantité de nourriture qui peuvent être une alternative à l’élevage intensif terrestre.
Personnellement, c’est ce que j’essaye de différencier ici, sur le blog, et dans ma vie personnelle. Les choix personnels et les actions que l’on peut mener ou soutenir pour le plus grand nombre. C’est ce qui fait que même si je ne mange plus beaucoup de poissons, je n’ai aucun problème à soutenir des initiatives pour améliorer la pêche. Ou encore si j’estime qu’on peut se passer de viande, il faut tout de même réfléchir à des alternatives pérennes pour l’élevage. Mes choix ne sont pas les choix du plus grand nombre à l’échelle de la planète et mes efforts n’empêchent pas de trouver d’autres solutions pour d’autres modes de vie.
J’aimerais aussi souligner que le problème des Océans ne se résume pas à la pêche : la pollution du plastique (ou plutôt microplastiques), les exploitations pétrolières et gazières, l’extraction minière, le réchauffement climatique… Tout ça cause bien des difficultés pour maintenir la qualité des eaux, la biodiversité sous-marine et même une activité de pêche responsable ! A ce titre, arrêter la consommation de poissons mais ne pas se pencher sur le cas du plastique ou de la pollution des eaux (y compris avec notre crème solaire!), est tout aussi utopiste.
C’est quoi la pêche durable ?
Le label MSC offre alors un indicateur intéressant pour favoriser la pêche responsable et durable. Le label propose deux référentiels pour certifier la durabilité des pêches sauvages, en eau douce ou en mer. Il permet la traçabilité du produit, la certification repose sur trois critères : pérenniser les stocks de poissons, minimiser l’impact environnemental et assurer un système de gestion efficace. C’est le seul label qui réponds aux critères de certification de nombreuses organisations internationales dont ceux de l’ONU.
Aujourd’hui, c’est 12% des captures de poissons sauvages proviennent de pêcheries certifiés MSC. Cela semble peu mais le chiffre augmente rapidement et l’organisme note de grands progrès dans la filière. Le label travaille étroitement avec WWF pour améliorer son référentiel.
En très bref, vous l’aurez compris, il existe un choix sur le marché d’une filière responsable pour la pêche. Et encore une fois, n’oubliez pas qu’achetez un produit plutôt qu’un autre a un impact considérable à long terme (l’achat vote, j’vous dis!).
Alors, si vous consommez du poisson, pensez au label MSC et si vous en avez la possibilité, passez le mot autour de vous !
Plus d’infos sur le site MSC et dans leur dossier presse pour connaître les pêcheries responsables : dossier-presse-0217 (1).pdf
Et si vous voulez participer à la box Océan, c’est direction Instagram @blog_bananapancakes jusqu’à dimanche. Il y aura même une petite surprise ^^
Maintenant je regarderai les labels que je ne connaissait pas pour le coup ..
J’avoue ne plus manger de viande mais toujours consommer du poisson .. Même si je n’en mange que rarement car c’est aussi un être vivant ..
Oui. Mais…
Ici, dans des pays qu’on dit être « développés », on a le choix de laisser les poissons et crustacés tranquilles. On est d’accord que dans certaines parties du globe, des familles vivent de la pêche. Sauf que ce n’est pas ces familles qui détruisent les océans par la surpêche, donc je ne vois pas en quoi promouvoir la pêche raisonnée à avoir avec eux (le fait qu’ils puissent vivre de la pêche à long terme ? Autant ne pas pêcher dans les pays où l’on a le choix de ne pas manger de poisson et où l’on peut subvenir à ses besoins primaires en végetalisant son alimentation, et du coup plutôt réfléchir à de réelles alternatives durables pour la planète et ses habitants, à savoir que si on arrêtait de cultiver sur des terres de l’hémisphère sud pour nourrir le bétail, ces populations auraient la chance de profiter de leurs terres pour se nourrir).
Bref, pourquoi pas proposer des alternatives durables, si elles s’inscrivent dans un projet à plus long terme où l’on abolit toute chair animale. Et je n’ai pas l’impression que cette initiative soit le cas…
Forcément, tout le monde ne va pas être d’accord avec moi, mais tant pis, je pense que ça devait être dit ^^
Le MSC vous a contactée pour que vous leur fassiez un petit coup de pub. Ils en ont bien besoin en ce moment, car le image commence à se fissurer… les critiques sont en effet nombreuses : critères environnementaux très largement améliorables (où sont les techniques interdites, à part poison et explosif ?), les aspects sociaux sont inexistants, et les conflits d’intérêts sont nombreux : http://www.bloomassociation.org/tautologie-colosse-aux-pieds-dargile/. Plus largement sur les labels : http://www.bloomassociation.org/nos-actions/nos-themes/campagne-peche-durable/les-labels-trompeurs/
Bonne lecture 🙂
J’aime beaucoup le fait que vous pensez que j’accepte de collaborer sans connaître ce sur quoi j’écris. Et j’apprécie beaucoup vos liens, que je connais déjà pour avoir travailler sur la question. Pourquoi ne pas venir commenter en assumant directement travailler pour Bloom? Surtout que j’apprécie vraiment le travail de l’association…
Pour en revenir au label MSC, je connais parfaitement les critiques, tout comme je connais les critiques sur les énergies renouvelables, sur les labels bio ou sur le travail de certaines associations environnementales. Ca ne m’empêche pas de trouver que ce label reste pour l’instant la meilleure alternative pour les consommateurs qui désirent consommer du poisson. Et je pense que MSC eux-mêmes sont très conscients des limites du système. Comme dans beaucoup de domaines, je crois aux progrès de certaines initiatives, même venant des univers les plus controversés, lorsqu’elles sont en plus sous l’oeil vigilant d’associations comme Bloom. Ne pas en parlez, boycotter, critiquer naïvement, ce n’est pas ce que je fais sur le blog. La majorité des lecteurs qui passent içi ne s’engagent pas dans des combats écologiques mais sont sans problème d’accords pour faire des efforts au quotidien, pour peu que l’on montre les voies possibles.
Au fond, je suis d’accord avec toi mais évidemment que l’alternative végétale n’est pas l’alternative majoritaire. Quoique ça peut quand même se débattre vu l’explosion de l’alimentation végétale et de l’offre sur le marché ses dernières années. On ne peut pas demander aux gens de résoudre le problème des océans en arrêtant purement et simplement de consommer du poisson. Sinon on devrait aussi interdire l’utilisation de tous les dérivés pétrochimiques, de toutes les crèmes solaires ou autres produits, etc. J’aimerais sincèrement mais moi la première, j’utilise du plastique dans pleins d’aspects de ma vie, certains de produits de beauté parfois conventionnels ou j’ai une voiture qui nécessite du pétrole qu’on trouve sans doute au fond des océans.
Je comprends ta déception et j’espère aussi que l’on tends vers un monde où l’on mettre moins de pression sur l’environnement, les animaux ou autre, mais en attendant, on fait tous avec les moyens du bord (qui sont nombreux et qui évoluent pas mal quand même!).
Je ne connaissais pas ce label et comme disait Koalatagada, je n’ai pas réussie à supprimer le poisson de mon alimentation mais ce post me permet de me renseigner sur une initiative qui est peu diffusée ! Merci pour ces infos 🙂
J’aime beaucoup ton article parce que tu restes réaliste. Le vegetarisme c’est bien, prendre en compte aussi la majorité de gens qui ne le pratique pas, c’est mieux !
Bonjour Julie,
Ce n’est pas du tout le message que j’ai voulu véhiculer. Je suis désolé que vous l’ayez pris comme ça 🙂 Je pensais aussi qu’en mettant mon nom/prénom, il était évident que je m’assumais, mais je serais plus clair la prochaine fois aussi.
Tant mieux si vous connaissez déjà nos liens alors. Les labels sont une vraie jungle, et il n’est pas évident de s’y retrouver.
Bonne journée,
Frédéric (de BLOOM !)
Super alors. Je suis désolée de mon « ton » dans la réponse mais il est assez frustrant d’avoir toujours autant de remarques du type « c’est pas assez » pour des choses qui font déjà avancer (à mon sens). Je préférerais qu’on arrête la pêche industrielle, qu’on arrête d’utiliser des cosmétiques dangereux et d’extraire du pétrole mais force est de constater que le combat est plutôt sur des choses progressives.
C’est le danger des blogs « green », penser qu’on ne doit présenter que des comportements ou initiatives parfaites. Je le fais aussi mais j’essaye de prendre aussi en compte la majorité des personnes qui mange encore des tonnes de poissons sans se soucier de leur pêche.
Au plaisir de discuter avec vous !