Un article un peu différent pour une fois, on ne parlera pas d’écologie ni d’impact environnemental mais il sera question de répartition des tâches quotidiennes !
On a tenté une petite expérience à la maison et en la partageant sur Instagram, elle avait l’air de vous plaire. Du coup, je prends le temps de vous en dire un peu plus.
Il y a plusieurs semaines, avec l’amoureux, on a tenté d’échanger nos rôles à la maison pendant une semaine : je m’occuperais de ce qu’il fait habituellement et vice versa.
Pourquoi tenter une telle expérience de « vis ma vie » ?
Déjà et surtout parce que je suis une grande fan de « et si on testait…« . Ceux qui me connaissent savent que j’adore les challenges du genre « on mange végétarien pendant une semaine« , « on ne regarde plus la télé pendant une semaine« , etc. C’est sans aucun doute un trait de mon caractère mais c’est surtout que j’aime expérimenter des choses afin de me faire un avis et de voir si je suis capable de changer.
Là encore, c’est partie d’un simple défi, celui d’expérimenter ce que vit l’autre et changer un peu nos habitudes.
Je crois que le problème de la vie quotidienne en couple parle à tout le monde. Ce n’est pas simple de s’organiser, de s’adapter aux habitudes de l’autre et, au-delà, on est tous pareils, on a du mal à pouvoir tout faire à la maison. Le ménage, les courses, la cuisine, les enfants, le quotidien est parfois pesant dans nos semaines déjà surchargées. Et quand on est deux, c’est alors une formidable source de conflits !
« Tu ne fais rien« , « Tu ne remarques pas mes efforts« , « Je suis seule à faire ça« , « Si j’étais pas là, on ne mangerais rien« , « Et le frigo, il se remplit tout seul?« , « Oui mais moi je travaille plus« , « Oui mais moi je m’occupe des enfants« , « Tu pourrais me dire merci« … Bref, que vous ayez prononcé ou non ces phrases, je suis sûre qu’elle vous parle.
Pourtant, la majeure partie du temps, on ne dit rien, on rumine, on râle, on attaque, on se dispute. Rien de très constructif dans tout ça. Tenter cette expérience, c’est tout le contraire d’un rapport de force !
Je ne suis pas bête, je sais bien que les statistiques nous disent que les femmes s’occupent encore majoritairement de la maison et des enfants. On a aussi récemment mis en lumière le fameux concept de « charge mentale » qui parle à tellement d’entre nous. Il est alors facile d’être dans le reproche et la critique d’une situation qui n’est objectivement pas normale. Un foyer, des enfants, c’est à deux qu’on s’en occupe. A vous de trouver comment et dans quelle mesure mais toujours en accord avec l’autre.
L’expérimentation a l’avantage de montrer plutôt que de juger. De mettre l’autre dans une position de compréhension globale plutôt que de le forcer à « nous » comprendre. Et surtout, expérimenter c’est de la diplomatie ! Personne ne répondra jamais « oui tu as raison chérie, je suis désolé de ne jamais rien faire à la maison« . Personne. Même si c’est vrai. Et même si vous lui criez ça tous les jours de l’année ^^
Par contre, le mettre dans votre position et vous dans la sienne, c’est dialoguer sans mot. C’est comprendre sans rapport de force.
Bref, le but ne doit pas être de donner une leçon du type « t’as vu que j’en fais plus« . Mais davantage de permettre à l’autre de comprendre vos reproches, votre fatigue, votre besoin de rééquilibrage. N’essayer pas d’en faire une expérience pour « changer l’autre ». Essayer plutôt d’en tirer vous-mêmes des leçons et laissez votre moitié en tirer les siennes.
L’objectif de notre expérimentation
Je ne vais pas vous détailler toute notre organisation quotidien ni nos conflits de répartition. Mais je voulais quand même vous donner une idée du pourquoi j’ai voulu tenter ça.
Chez nous, en apparence, la répartition des tâches est plutôt équitable. On a chacun des tâches définies soit par affinités soit en fonction de nos disponibilités mais globalement, chacun fait sa part. Ça me semble toujours bête à dire mais oui l’amoureux fait le ménage, il fait 100% du repassage, il range, se lève la nuit pour notre fille et je n’estime pas devoir lui dire merci quand il fait quelque chose. Notre maison et notre fille, c’est à deux qu’on s’en occupe et c’est évident pour nous deux !
Mais (oui y’a toujours un mais), notre situation a quelques particularités, notamment le fait que j’ai quasiment toujours travailler chez moi et à mon rythme. Petit à petit, j’ai donc récupérer des tâches et une certaine charge mentale parce que je suis disponible à la maison ou que mon emploi du temps est flexible. L’envers du décor pour moi, c’est évidemment que, vu que je n’ai pas 4 bras, je ne peux pas tout faire et si je prends sur mon temps de travail, celui-ci se répercute sur les soirées ou les weekends. Et je développe l’aspect « fatigue mentale » de faire 36 choses à la fois. En gros, si j’avance le ménage en semaine pour être tranquille le weekend, ça voudra dire que moi je bosserais une partie du weekend…pas très équitable tout ça ?
Autre point que je vous prendrais en exemple ensuite : la cuisine. Je cuisine à la maison, d’abord parce que j’aime ça mais aussi parce que lui n’aime pas et ne « sait pas« . Sauf qu’aimer cuisiner quand on a envie, c’est très différent de devoir cuisiner tous les soirs pour 3 (dont une mini relou). Je voulais donc lui montrer que cuisiner chaque soir, c’était hyper chronophage et fatiguant.
Point « réticences » de monsieur
Quand j’ai partagé cette expérience, beaucoup m’ont dit « moi il voudra jamais!!« .
Evidemment, je ne vais pas me transformer en conseillère conjugale mais si votre conjoint ne peut vous donner une semaine d’échanges de tâches…le problème est soit plus profond que les tâches ménagères, soit le déséquilibre est tellement grand qu’il part d’avance « perdant ». J’aurais tendance à dire qu’il n’y a rien de normal là dedans et que s’il n’a pas envie d’échanger parce qu’il sait que vous en faites beaucoup plus, vous avez déjà réglé votre problème : vous en faites beaucoup trop. Deux solutions : la « soft », échangez quelques tâches seulement (par exemple, « c’est toi qui t’occupes des repas toute la semaine ») ; la « radicale », arrêtez de faire certaines tâches !
L’excuse de « si je fais pas, il ne le ferais jamais » ne tient pas. Ça nous rassure quand la tension est trop forte mais ce n’est pas vrai. Ne faites plus et vous vous engueulerez, ça c’est sûr. Mais montrez à l’autre ce que vous faites et parlez-en ! Encore une fois, rien ne sert de partir dans des disputes et des cris, le quotidien c’est l’essentiel de nos vies, il ne devrait pas peser sur l’un plus que sur l’autre (en tout cas, pas sans son accord!).
Toute cette aparté « conseils conjugaux » pour vous dire qu’il n’y a pas eu de réticences chez moi. Evidemment, il a rigolé et il a stressé vu certaines tâches qui allait lui revenir ^^ Mais on est un couple, une équipe, à aucun moment je n’aurais partagé ma vie avec quelqu’un qui voyait les choses différemment. Tous ces conseils sont évidemment très personnels mais je voulais juste vous dire que l’excuse du « il ne voudra pas » ne tient pas, à vous de faire en sorte qu’il veuilles (ou du moins de comprendre pourquoi le dialogue ne passe plus).
Comment inverser ces tâches quotidiennes
Au départ, j’ai pensé que ça serait simple. On a listé sur un papier tout ce qu’on pensait faire l’un et l’autre sur une semaine. Bon ça s’est avéré être un poil plus complexe ! Le déséquilibre se voyait déjà beaucoup et c’était déjà un sacré bazar pour se repérer !
Du coup, on a procédé de la façon suivante :
- on a listé les tâches par catégorie : quotidienne, semaine et weekend. On avait donc tous les deux notre liste de choses à faire par jour, semaine ou le weekend.
- on a crée une tâche spéciale pour notre fille pour identifier qui faisait quoi (préparer les vêtements, signer le cahier d’école, etc.).
- j’ai fait un menu provisoire pour aider monsieur qui se retrouvait avec cuisine et courses la semaine. Rien de très précis mais de quoi l’aider à faire des choses simples (et à éviter qu’il finisse à la pizzeria!).
Pendant la semaine, on avait pris le parti de faire comme si nos tâches étaient normales donc d’éviter de se rajouter de la charge mentale en mode « n’oublies pas que…« . Mais, on a trouvé normal de s’aider aussi à ne rien oublier (on est pas à l’armée hein, ce n’est qu’un défi!!). J’ai quand même passé volontairement sous silence certaines choses pour qu’il réalise le poids de la fameuse charge mentale.
Le bilan de notre expérimentation
Clairement, on s’est vite rendu compte que le plus gros du déséquilibre vient du fait que j’ai beaucoup de tâches quotidiennes, tandis qu’il a plutôt des tâches une fois par semaine ou le weekend. Ca nous a permis d’échanger sur ça et lui de se rendre compte que la multiplication des tâches quotidiennes étaient trop pesantes pour une seule personne.
Pour monsieur, le plus compliqué était prévisible : cuisiner tous les soirs. Mais il s’en est très bien sorti et a même compris qu’il était capable de cuisiner des choses rapides et bonnes avec un peu d’idées (il a même ajouté une recette dans mon cahier de recettes^^). L’expérimenter, ça lui a permis de voir que s’il cuisine seulement un ou deux par semaine, c’est déjà beaucoup de repos pour moi ! Pour ma part, j’ai compris que sans idées et sans en avoir l’habitude, c’est évidemment plus compliqué pour lui. Et que sans aucun doute, on devrait cuisiner plus souvent à deux pour qu’il prenne certaines habitudes et recettes de base.
Pour moi, on ne va pas se mentir, c’était plus cool qu’une semaine classique ^^ J’ai quand même eu la certitude que je n’aimais pas sortir la poubelle (autant vous dire que j’étais à fond zéro déchet cette semaine là!!) ni faire le repassage ! Mais je me suis quand même rendu compte qu’à trop vouloir en faire en étant à la maison, je lui reprochais des choses qu’il n’avait seulement pas le temps de faire, travaillant à l’extérieur. Je continue à penser qu’on en demande trop aux gens qui bossent chez eux (ou avec leur rythme) mais je me dis que je devrais être plus radicale et imposer un « non » quand mon emploi du temps ne me le permets pas ! Et lui faire confiance pour faire les choses que je n’aurais pas eu le temps de faire, le soir en rentrant ou le weekend.
Il y a aussi une leçon à tirer sur le mode du « laisser l’autre faire à sa manière« . Je suis quelqu’un de très organisée, avec une légère tendance Monica Geller^^, et j’avoue que j’ai du mal quand on ne fait pas comme moi certaines choses. Je vais beaucoup plus vite que lui pour certaines choses (aka faire une couette à ma fille, on a frôlé le retard à l’école un matin…!) et j’ai donc du mal à lui laisser faire certaines choses. Avec cette expérimentation, je me suis rendue compte que le monde ne s’écroule pas quand ce n’est pas moi qui gère, que ma fille part en jogging à l’école et que les teeshirts manches courtes sont rangés avec les teeshirts manches longues !!
Mais, dernière chose, il a admis que sans mon côte « psychorigide » de l’organisation, je ne pourrais pas tout faire. La fameuse charge mentale a été un échec, il a oublié beaucoup de petites choses ou s’y est pris trop tard. Sachant qu’il a déjà un caractère très « tête en l’air » à la base, c’était un vrai challenge pour lui (et drôle à voir pour moi!!). Rien de grave mais je suis contente qu’il admette (un peu^^), que sans cette organisation parfois un peu rigide, ça serait un sacré bazar ! Sachant qu’à côté de l’organisation des tâches ménagères, je dois gérer plusieurs activités différentes. En gros, il a compris qu’il pouvait m’aider facilement sur certains points et que pour le reste, il devait être bien content d’avoir une Monica Geller à la maison^^
En bref, on a compris d’où venait le déséquilibre et monsieur a réalisé en l’expérimentant, que penser à tout…ben c’est impossible (ou très fatiguant!). Et j’ai réalisé aussi que je ne pouvais pas penser à tout et que je devais lui faire de la place (ou être un poil plus zen) pour certaines choses.
Ca n’a pas changer radicalement notre organisation mais on rééquilibre quelques petites choses et surtout…monsieur cuisine !
Voilà rapidement le compte rendu de notre expérience ! Le but était seulement de vivre dans la peau de l’autre plutôt que de passer des heures à se disputer pour savoir qui en faisait le plus. Surtout que parfois, l’autre est tout à fait conscient que vous en faites plus mais en l’expérimentant, il se rend compte de ce que ça implique pour vous.
Bref, on est une équipe et parfois, on a besoin d’échanger nos postes pour améliorer notre stratégie (à savoir avoir plus de temps pour boire du vin devant Netflix^^)
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Super défi ! Je l’avais aussi vu sur un autre blog et je trouve l’idée vraiment intéressante. A la maison on a une répartition un peu spécial car on travaille tous les deux en extérieur mais en horaires décalés (il bosse de nuit) donc ce serait vraiment le bazar si on inversait ! Cela dit, on a trouvé une sorte d’équilibre qui fonctionne plutôt bien. Il en fait un petit peu plus que moi mais j’ai le rôle de coordinatrice. Je réfléchis, je planifie et il agit. Sauf pour la cuisine où je fais tout de la planification à préparation (sauf la vaisselle). Ça m’arrive de refaire un truc après lui (mon petit côté Monica, toi-même tu sais :p) mais j’apprends à lâcher prise. Au final, je trouve qu’on s’en sort pas trop mal 🙂
Quand je pense que, chez nous, on s’est juste mis d’accord pour qu’il cuisine un soir par semaine (et que je continue de gérer les autres repas, le ménage, la lessive, les rdv, etc.), je me dis que j’ai encore de la marge… Merci pour ce message d’espoir 😀
Article intéressant ! Je pense que ça serait un challenge nécessaire à appliquer chez moi pour que mon mec se rende enfin compte que gérer le quotidien de notre fils prend un temps fou – et que je me suis réellement pris un bon gros mur en temps que femme depuis sa naissance. Je vais lui souffler l’idée 😉 Si tu as envie de pousser sur le sujet, je suis en train de lire « Libérées – Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale » de Titiou Lecoq qui apporte pas mal de matière à réflexion…Après clairement, travailler de la maison, c’est s’exposer à un « ah tiens, maintenant que je suis là et si… » (je faisais une machine / je rangeais la cuisine, je classais ces papiers qui traînent depuis 1000 ans – rayer la mention inutile ^^) – merci de le souligner !