Je parle d’écologie au quotidien depuis bientôt 11 ans sur les réseaux. C’est long 11 ans sur les réseaux. Petit à petit, j’ai vu arriver beaucoup de comptes extra qui faisaient le job bien « mieux » que moi, dans le sens beaucoup mieux adapté aux réseaux sociaux. J’ai toujours eu du mal avec le fait de répéter les choses, alors que c’est la règle number 1, notamment sur Instagram où le contenu est éphémère. Il ne faut jamais penser que l’on parle à des gens qui nous connaissent et nous suivent assidûment depuis le début. Donc, oui, il faut répéter, re-partager, faire autrement, etc. Et c’est pas du tout dans ma nature : si j’ai partagé une recette une fois, j’ai pas envie de la repartager ou de la refaire, j’estime qu’on enregistre ou qu’on ira chercher (clairement j’ai trop d’ambition pour mon contenu) (ou pour les gens sur les réseaux).
Résultat, j’ai lâché un peu la rampe de l’écologie sur les réseaux et si c’était un peu dur (et peu flatteur pour l’égo au début), ça me va très bien. Il y a des tonnes de vidéos désormais qui donne la recette de la lessive maison ou qui explique pourquoi il ne faut pas mélanger le bicarbonate avec le vinaigre blanc. Je ne vois plus l’intérêt d’y ajouter mon contenu, déjà existant, juste pour dire « hého moi aussi je vous ai dit ça il y a 8 ans« .
L’inconvénient dans tout ça, c’est que je montre donc beaucoup moins mon quotidien, mes gestes, mes astuces… Parce que je sais qu’il va falloir expliquer, détailler et revenir dans le game de « je t’explique pourquoi ta lessive fige« . Du coup (le fameux du coup tant malaimé), j’ai parfois l’impression qu’on se dit que je ne vis plus du tout de la même manière, que j’ai abandonné tous ces gestes. C’est évidemment complètement faux. J’ai simplement vrillé du côté de la force « c’est bon les gars, on est en 2023, tout le monde a des cotons lavables« . Et JE SAIS que c’est faux, qu’il est important que tous ces comptes fassent encore de la pédagogie, montrent, expliquent, conseillent…
Je crois que j’en ai aussi eu marre des critiques envers l’écologie du quotidien dans un monde où l’écologie politique est désormais aux chaînes d’info. Il faut militer, il faut arrêter d’expliquer pourquoi l’assouplissant c’est naze. Je suis bien d’accord (même si je trouve que la mise en perspective de ces deux thèmes est complètement moisie) mais c’est important de sortir de sa bulle : parfois militer pour l’écologie – ou du moins faire de l’écologie un vrai sujet politique – c’est pas du tout dans les habitudes, les envies ou les préoccupations des gens. Hé ouais, même en 2023, beaucoup de personnes vivent avec des œillères sur l’écologie pour tout un tas de bonnes ou de mauvaises raisons. L’écologie du quotidien a alors ça de formidable car elle peut accrocher des gens qui se fichent de ce qui se passent à l’autre bout du monde mais qui vont trouver ça cool de jeter moins de déchet, d’acheter d’occasion ou de faire moins d’allergies en changeant de produits d’entretien. C’est un premier pas pour un jour s’intéresser à des sujets plus globaux.
Résultat, 145 lignes pour vous expliquer que c’est pas parce que j’en parle moins (sur les réseaux en tout cas) que je me roule désormais dans le plastique avec ma côte de bœuf quotidienne. Et il y a même beaucoup de choses qui sont désormais pas des gestes que j’identifie comme écolo, ils sont rentrés dans mon quotidien (et je suis d’autant plus choquée quand je sors de ma bulle). À l’inverse, il y a des choses sur lesquels je suis moins « écolo » qu’à une époque, pour 99% d’entre elles, il y a une raison bien précise : ma santé mentale. Ne plus faire mes courses 100% zéro déchet ce n’est pas parce que je n’y crois plus ou même parce que c’est devenu cher, c’est purement un accord entre moi et moi : arrêter de passer ma vie à faire les courses quand je suis la seule à partager cette tâche (et que toute ma famille n’en retire aucun avantage qui les motivent à faire pareil. Oui ils me désespèrent.). Ça je trouve que ça serait un sujet intéressant sur les réseaux parce que j’ai l’avantage justement d’avoir vu plus de 10 ans d’évolution sur l’écologie du quotidien. Je me suis, moi aussi, rendue malade pour un emballage ou un produit pas clean. J’ai eu de l’incompréhension face à un entourage ou à une société qui évoluent beaucoup moins vite. Le monde n’a pas changé, excusez-moi pour ma généralité, mais c’est en majorité les femmes qui ont changé, sauf que le reste ne suit pas le même rythme, ni les conjoints, ni les enfants, ni le travail, ni la société dans son ensemble. Tu te retrouves seule à te battre avec tes bocaux, ton vinaigre blanc et ton huile végétale alors que l’univers te crie de lâcher l’affaire !
Vous avez vu, j’ai toujours pas démarré le vrai sujet de l’article : les trucs écolos que je fais toujours aujourd’hui et qui ne sont même plus des trucs écolos, juste des habitudes. Si vous avez survécu jusqu’ici, voici quelques exemples et j’adorerais entendre les vôtres.
- les cotons lavables : non seulement j’en utilise toujours quotidiennement mais ce sont les mêmes depuis 10 ans (merci le percarbonate de soude) et je déteste utiliser des cotons jetables quand ça se présente à l’extérieur. Je ne comprends même pas comment j’ai pu autant en utiliser avant. Comme depuis toujours, j’ai encore un paquet de cotons jetables qui me fait une année pour le dissolvant ou pour les bobos.
- le ménage green : alors je ne suis pas une extrémiste, il y a désormais de très bons produits d’entretien assez clean dans le commerce. J’ai par exemple du liquide vaisselle acheté (en gros bidon chez La fourche) et lors du déménagement, j’ai acheté de la lessive classique (la marque You il me semble) qui est très bien. MAIS je reste attachée à mon vinaigre blanc, mon acide critique, mon savon de Marseille…parce que je les trouve plus efficace, plus simple, moins cher. Vraiment, je suis passée du côté de la force depuis trop longtemps pour revenir en arrière aujourd’hui. Rien que pour une question d’odeur, je ne supporte pas du tout les odeurs chimiques des produits transformés.
- le café zéro déchet : je suis toujours avec ma cafetière à piston et ma cafetière italienne. Et je vous aucun intérêt à avoir une cafetière à capsules. Je vous rappelle aussi que ce qui compte le plus c’est le choix du café au niveau écolo, je prends toujours du bio et équitable. J’ai aussi ajouté le Yannoh et les tisanes – locales.
- le savon (corps et cheveux) : là c’est comme avant, je peux alterner avec des produits liquides sans soucis (souvent des grands contenants) mais j’aime vraiment le savon que ce soit pour les cheveux et le corps. Je crois que c’est une question de bidon qui prend toute la place, d’odeurs fortes encore une fois et de simplicité du savon. D’ailleurs, globalement, je pourrais ajouter les cosmétiques mais je suis quand même un poil moins minimaliste qu’à l’époque donc je préfère le garder pour le prochain épisode (notamment parce qu’il y a moins de solides).
- refuser des déchets : ça semble idiot mais si vous saviez le nombre de déchet qu’on accepte sans le vouloir ! Les flyers, les pub, les cadeaux, les emballages en trop, etc. Si j’ai rien demandé, j’ai pas à gérer le déchet, point. Et je crois que c’est un des rares trucs « écolo » qui est encore capable de m’énerver au quotidien, quand on m’offre un truc sur-emballer ou qu’on me colle de la pub dans ma boîte aux lettres !
- manger de saison : et aller au marché même si je ne suis pas aussi assidue qu’il faudrait. C’est pas ma faute, le marché le samedi matin vraiment, je comprends pas l’idée ^^ Le samedi matin, on dort et c’est compliqué d’être au taquet avant 11h, pas la meilleure heure pour le marché. Mais bref, je mange toujours de saison, ça me semble toujours une évidence de ne pas manger de tomates en janvier ni d’aubergine en avril. Et j’essaye au maximum d’aller acheter mes légumes et fruits au marché chez les producteurs, parce qu’ils sont meilleurs et qu’ils sont moins chers 😉
- manger moins de viande : je ne suis pas végétarienne mais je pourrais l’être dans un monde adapté pour. Je peux me passer de viande sans soucis (beaucoup plus difficilement de fromage) mais je trouve le quotidien encore compliqué. En extérieur, en famille, chez des amis…et même à la maison, c’est encore souvent un réflexe autour de moins donc je ne suis pas à zéro. Et là encore, ma santé mentale entre en jeu, je suis (quasiment) la seule à faire à manger et parfois je suis trop fatiguée pour vraiment cuisiner. Le jambon typiquement me sauve encore la vie certains soirs avec ma fille. Mais bref, je mange toujours peu de viande, quasiment pas de viande rouge et même à la maison, je dois avouer qu’on a réussi à être 80% végétarien le soir.
- m’informer : sur les ingrédients d’un produit, sur l’origine, la production, la durabilité. Cela ne signifie pas que je fasse toujours le meilleur choix pour l’environnement (le meilleur ça serait de ne rien acheter dans la plupart des cas) mais j’ai gardé le réflexe de lire les listes INCI des produits, d’opter le plus possible pour la seconde main, pour des matériaux durables et non toxiques. Bref, tout comme avant sauf que j’en fais plus des posts sur Instagram et je ne reçois plus l’avis non sollicité des gens ^^
Je pourrais ajouter d’autres points comme limiter l’avion mais ça serait mentir. Je n’ai jamais eu les moyens de prendre l’avion plusieurs fois par an donc je ne culpabilise pas si je dois le prendre une fois tous les 5 ans. Je sais que ça choque peut-être des défenseurs du « tout en train ou en van » mais vraiment quand t’as peu de budget, peu de vacances et 4 dans la famille, de toute manière, les vacances c’est déjà un gros luxe. Je développerais une autre fois notre décision de revenir en ville et de prendre désormais beaucoup plus le vélo.
En relisant l’article, je me dis qu’il y aurait encore plus de choses à ajouter finalement comme le tri des déchets (vraiment là ça me semble la base mais je sais que ce n’est pas le cas pour tout le monde), l’achat d’occasion, la diminution du chauffage, le bannissement des engrais et les gestes pour les pollinisateurs, la réutilisation de l’eau pour l’arrosage… Fou comme c’est compliqué de lister des trucs qui semblent évidents après autant d’années ! (mais c’est cool !)
Mais avant, vous voulez les « trucs un peu moins écolo ou que j’ai arrêté » ?
Et vous, vous avez un geste écolo devenu une habitude ?
Coucou Julie,
Ton article fait tellement échos en moi. J’ai souvent l’impression d’en faire moins qu’avant alors qu’en faite c’est juste devenu des habitudes et que j’essaye aussi moins de convertir mon entourage par la parole (uniquement par le geste). Je partage aussi le fait que dans 90% des actes c’est la femme qui joue en rôle majeur malheureusement mais j’espère que la nouvelle améliorera encore les choses !
Ici les habitudes sont comme toi, je n’ai plus d’éponge depuis tant d’année que je sais plus faire la vaisselle avec, les parfums synthèses sont inexistants à tel point que je sens ceux des autres partout et la 2nd main est un réflexe. Bref l’écologie du quotidien qui devient invisible 🙂
Salut Julie comme je me retrouve dans ton post… en même temps ma conscience ecolo a grandi avec ton blog et le début d Instagram. Et je ne supporte plus les nouveaux insta qui me disent » nouveauté comment faire sa lessive? » …. ça fait 8 ans que je la fais…
Continue à écrire des articles car c est mieux que des vidéos !!!
ahah tellement ! Imagine quand j’en vois alors que mes premiers articles datent de 2015 je pense et que j’ai dû en faire 5 ou 6 dessus !
Voilà idem ici pour tous les points évoqués, ils font partis des habitudes, sauf le café prochain truc à lister et on boit beaucoup de café!
Et ma charge mentale se porte mieux!
Hello !
Je partage tout du début à la fin! Moi aussi je préférais instagram avant, ça me saoule de voir que tout le monde se met à faire des vidéos…. en fait je préfère même les blogs à insta parce que moi aussi ça m’embête que tout le monde se répète tout le temps… avant quand on avait oublié la recette de la lessive on allait la chercher sur un blog et basta, insta c’est du jetable et c’est dommage. J’ai aussi plein de choses qui sont devenus des habitudes: les réutilisables (cotons, éponges, culottes menstruelles… qui sont en plus tellement pratiques que jamais je ne reviendrai en arrière!), la lessive au savon, le savon, la nourriture locale et presque végétarienne, le potager, le récupérateur d’eau, les plantes pour les pollinisateurs, le bout de jardin pas tondu, la seconde main, le train au maximum pour les déplacements (j’habite à l’est de la France, ma famille à l’ouest: clairement il serait plus simple de sauter dans un easyjet !!)…. mais j’ai du mal à aller plus loin, parce que ça demande beaucoup de charge mentale et d’effort et que c’est difficile de se motiver: je crois à l’importance des petits gestes de chacun mais j’ai laché du lest: on ne sauvera pas la planète si les politiques ne s’y mettent pas donc oui aux petits gestes mais non à la surcharge !
tout à fait d’accord ! C’est aussi une mauvaise habitude de passer par les réseaux où c’est souvent plus rapide et plus vu qu’un article mais finalement c’est plus pérenne.
Merci pour cet article, c’est toujours agréable de prendre un peu plus de temps pour lire sur un sujet. Les bons mots, les petites blagues… C’est bien sympa les blogs quand même! 😁
merci !